Commémoration de la rafle du 16 décembre 1943

Samedi 16 décembre 2023, la population de Saint-Julien-de-Coppel et des environs, s’est déplacée en nombre pour commémorer la rafle du 16 décembre 1943.

C’est au pied du monument aux morts de Saint-Julien-de-Coppel que Dominique Vauris, maire de la commune, a rappelé les faits tragiques qui se sont déroulés sur la commune. Quatre Coppellois ont en effet payé de leur vie lors de cette rafle, soit exécutés sur place, soit morts en déportation, soit fusillés au pas de tir du 92ème régiment d’infanterie à Clermont-Ferrand.

Quelques enfants de l’école primaire ont participé au dépôt de gerbes et sous la direction du directeur de l’école et ont chanté « Le chant des partisans ».

Ce fut l’occasion bien sûr, de rappeler l’importance de la transmission de la mémoire sur un conflit récent. Cet évènement de la rafle a marqué à jamais les familles et les habitants de Saint-Julien-de-Coppel.

Discours de Dominnique VAURIS, maire de Saint-Julien-de-Coppel
Coppelloises, Coppellois, cher(e)s ami(e)s fidèles, amis enseignants, chers
écoliers.
Comme tous les ans, mais cette année plus particulièrement, nous voici nombreux rassemblés au pied du monument aux morts de Saint-Julien-de-Coppel. Tant de noms sont gravés sur cet édifice, tant de Coppellois ont donné leur vie, tant de famille ont pleuré leurs proches.
1943-2023, quatre-vingts ans.
Quatre-vingts ans, un anniversaire dont nous nous serions bien passés de fêter.
C’était le 16 décembre 1943. Les allemands depuis Billom, avaient organisé leur périple meurtrier pour traquer les résistants de notre territoire. Ils possédaient une liste de noms, découverte dans la sacoche tombée entre leurs mains à Saint-Maurice-es-Allier. Saint-Maurice-es-Allier notre commune voisine, qui a subi quelques jours avant la région de Billom un déferlement de violence de la part des allemands. Tout à l’heure à Billom seront égrenés à la stèle Potier et au monument de la résistance, les noms de ceux qui ont péri lors de cette rafle.
Ils ont été faits prisonniers, ils ont été déportés, ils ont été assassinés sur place dans nos villages, au 92ème régiment d’infanterie ou ailleurs. Notre commune n’a pas été épargnée, quatre de nos concitoyens y ont laissé leur vie.
Ce fut Pierre VAURIS, tué à Pichoux sur la commune de Montmorin alors qu’il tentait de fuir. Il se rendait ce matin là avec son frère Paul à Lamartine pour récupérer une paire de bœufs. Paul malgré une balle reçue à la cuisse gauche, a réussi à prendre la fuite et à se réfugier au village de Jallat, il était sauf. Le corps de son frère est resté sur place veillé par leur père toute la journée.
Ce fut Armand BENOIT au village des Antoines que les allemands avaient ciblé comme résistant. Il fut arrêté puis déporté à Buchenwald, il y mourut le 1ermars 1944.
Ce fut François PRADIER, alors maire de la commune de Saint-Julien-de-Coppel, cueilli chez lui en fin d’après-midi. La maison dont les allemands avaient les plans fut fouillée avec célérité. François PRADIER fut arrêté le jour même tant pour son rôle dans la résistance que pour sa fonction de maire. Il fut amené au 92ème régiment d’infanterie à Clermont-Ferrand et fusillé le 20 décembre sur le pas de tir. Sa famille n’en aura connaissance que neuf mois plus tard.
Ce fut enfin Jean-Baptiste DELAVET lui aussi identifié comme résistant et qui habitait tout près de chez François PRADIER qui fut arrêté et de la même façon conduit au 92 RI. Son sort fut identique à celui du maire. Il fut fusillé au 92ème RI le 20 décembre 1943.
Quelle journée macabre que cette journée du 16 décembre 1943.
Ne laissons pas le temps nous plonger dans l’oubli. Rappelons sans cesse ce que nos aïeux ont vécu en y laissant souvent leur vie.
Si en ce samedi, jour sans classe, nous sommes entourés d’enfants de l’école de Saint-Julien-de-Coppel et de Yann Fournet-Fayard le directeur de cette école, c’est que des enseignants participent activement à l’enseignement de notre histoire contemporaine. Je les remercie donc pour leur présence. Je salue également la présence de Guy Schmaus qui chaque année avec son fils Francis, nous font l’honneur de participer aux cérémonies commémoratives du seize décembre. Guy a souvent témoigné dans nos classes, sur son vécu d’enfant caché à la Tourelle par les sœurs Gory. Hier, c’est au collège du Beffroy à Billom qu’il a partagé son histoire avec les collégiens et leurs professeurs. Je remercie la FNDIRP départementale et la section Billom/Thiers, son président René Champion et tous les adhérents pour le travail de préparation de cette longue journée de
commémoration. Et en cet instant me vient une pensée pour Odette Céalis qui a tellement fait dans la transmission de la mémoire dans les écoles et collèges. Je salue la présence de Philippe un de ses fils.
Malgré le travail effectué auprès des jeunes, malgré les reportages, les livres, les conférences, les cérémonies, malgré tout ça, il en est qui ne veulent
toujours pas s’imprégner de notre histoire ou qui refusent cette terrible vérité.
Cette histoire est récente, certains ici présents ont vécu ces jours douloureux.
Nous parlons de nos parents, de nos grands-parents, nous ne parlons pas d’une guerre qui s’est déroulée voici plusieurs siècles. Chacune des familles de nos disparus est ici représentée.
Tout le monde aujourd’hui tente un parallèle entre ce qui s’est passé lors de la deuxième guerre mondiale et les conflits récents qui ont éclaté de par le
monde. Je me joins à cette analyse, j’ajouterai même, attention : la haine envers l’autre grandit, la méfiance s’installe, l’intolérance devient la norme.
Dans quelques mois nous voterons pour élire nos représentants à l’Union Européenne. Voyez comme cette Europe est fragile, fragile et pourtant si
protectrice. Le repli des pays sur leur identité nationale est patent et à ce titre devient inquiétant.
Remercions nos quatre Coppellois, Pierre, Armand, François et Jean-Baptiste pour avoir donné leur vie et nous avoir par leur exemplarité, montré ce que signifie l’engagement républicain. C’est grâce à eux et à tellement d’autres, que
notre triptyque « liberté, égalité, fraternité » prend tout son sens.
Vive La République,
Vive La France,
Vive Saint-Julien-de-Coppel
Dominique Vauris